ALTUS magazine

Karen Griffiths

de visages en paysages

L’artiste britannique Karen Griffiths, Morzinoise depuis dix-huit ans, exprime des œuvres sensibles et délicates inspirées par de lointains voyages ainsi que par ses sorties en montagne. Entre visages et paysages, découverte d’une artiste intime.

 C’est un papa baroudeur qui a semé en elle des graines d’imaginaire. « Quand j’étais petite, mon père construisait des machines pour le textile, il a toujours ramené des choses fascinantes de ses voyages, des histoires et des photos qui m’ont aussi donné envie de voyager. » Dès qu’elle est en âge de s’émanciper, la jeune fille, qui dessine depuis toute petite, prend donc elle aussi la route. Direction l’Asie, puis le monde. De ses road trip en Malaisie, en Thaïlande, au Vietnam, en Inde, au Maroc et en Chine, elle ramène des instantanés, visages et atmosphères croqués sur un carnet, quelques mots et phrases surgis à la volée, parfois des bouts de tissu et de textes en langue étrangère, ainsi que des photographies… Autant de moments intimes qui nourrissent ensuite sa création.

DE LA PLAGE DE BRIGHTON AUX GALERIES LONDONIENNES
Avant, Karen Griffiths a affuté sa technique artistique sur les bancs de l’université du Central Lancashire. Là-bas, en Angleterre, elle s’essaie déjà aux carnets de croquis, partage un atelier, sur la plage de Brighton, avec d’autres artistes. Elle expose ensuite dans des galeries londoniennes, dans des foires d’art. Une période délicate, mais formatrice pour la jeune femme qui abandonne vite l’acrylique pour la peinture à l’huile. Ses premières toiles, assez

figuratives, intègrent déjà des morceaux de papier, des mots, des pensées, des poèmes…

L’HIVER, SAISON
DE L’INSPIRATION
Quand elle débarque à Morzine pour le ski, il y a dix-huit ans, la Britannique a le coup de foudre. « J’y suis venue pour trois nuits, j’y suis restée trois semaines. » Fascinée par la valse des saisons, qui dessinent des atmosphères toujours changeantes, elle est surtout sensible à l’hiver. Ce silence ouaté et ce grand blanc qui noie tous les contours lui inspirent une palette sensible, entre abstraction et impressionnisme, faite de paysages estompés, taillés d’une trace de skis, de remontées mécaniques filiformes ou de quelques épicéas fantomatiques. Entre gris-rose et jaune fuchsia, voire bleu nuit, ses montagnes semblent faites de solitude et d’introspection… Des œuvres d’un nouveau genre, inspirées par ses nombreuses sorties solitaires en ski de randonnée, qui côtoient désormais de nombreux portraits intimes d’enfants et de vieillards, tirés de ses croquis de voyages, dont les traits et regards véhiculent une expression intense. Visages ou paysages, ces œuvres suggèrent toujours une émotion ou une expérience intime

J’aime le mélange entre huile, peinture et crayon, prolonge l’artiste. De temps en temps, surtout pour les toiles plus petites, je colle des papiers à motif en fond avant de commencer la peinture. C’est vraiment différent sans une toile blanche, et je laisse un aperçu du motif, qui passe dans la toile. Mes plus petites toiles sont un peu comme une page d’un carnet de croquis, et ça, c’est le cœur de mes tableaux. » Par ailleurs, chaque œuvre intègre des mots issus d’extraits de poèmes, de pensées, de citations, ou de sentiments, un effet « patchwork » inspiré des voyages et de ces impressions mêlées… emmêlées. « J’adore les lignes fines et “grattées”, les gribouillis entrelacés sur la toile. Et puis, je trouve toujours un titre relié à chaque œuvre, car cela peut provoquer le sentiment, ou révéler quelque chose. »

LES VOYAGES
ET LA MONTAGNE
Nourrie par l’exotisme de contrées lointaines, Karen se perfuse aussi aux sports de plein air, ski de randonnée en hiver et courses de trail en été, comme celle des Hauts Forts. L’effort et la nature lui servent de terreaux créatifs au point que dans son atelier, les skis et les sacs à dos semblent indissociables des pinceaux et des chevalets : « Pendant les confinements, j’ai effectué beaucoup de ski de randonnée, confirme l’artiste, cela a représenté une véritable libération qui m’a beaucoup inspiré. Randonner, courir et créer, cela me fait du bien. »

ENVIES THÉÂTRALES

Depuis ses débuts, Karen s’est beaucoup exposée, jouissant d’une certaine notoriété en Grande-Bretagne d’abord, où ses œuvres ont été vues à Londres et jusqu’en Écosse et en Irlande, faisant parfois l’objet d’usages

publicitaires, ainsi qu’à Genève, à Paris et bien sûr à Morzine.
Entre deux expositions au Royaume-Uni, elle bouillonne d’envies et de projets créatifs. Elle a collaboré avec une brasserie de la station pour décorer ses canettes de bière, et rêve d’exposer ses toiles en plein air, cet hiver, « sur les pistes et en hauteur ». Surtout, « Je voudrais vraiment travailler dans le théâtre autour de projets de scénographie, projette-t-elle. J’adore le théâtre, et travailler de manière créative dans cet environnement serait un rêve. » Une façon de jeter des ponts entre les arts pour réussir d’autres patchworks artistiques.

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